Appel pour le livre

Téléchargez l'appel pour le livre
Téléchargez le dossier complet de l'appel pour le livre
Signer l'appel pour le livre


Face aux menaces
contre le prix unique du livre,

les professionnels et les lecteurs
se mobilisent


La loi Lang sur le prix unique du livre du 10 Août 1981, première loi de développement durable votée en France, et à l'unanimité, est mise en danger par quelques députés: leurs amendements reprennent les arguments d' une grande structure internationale de vente par correspondance, presque mot pour mot. Etonnant, ne trouvez vous pas ? Les auteurs, les libraires, les bibliothécaires, les traducteurs, les éditeurs, et même les chaînes du livre ont une chance: vous, les lecteurs. Aidez nous, aidez vous, il s'agit juste de permettre à nos enfants, nos petits enfants, d'avoir un vaste choix de lectures...

Peu de fois, je vous ai demandé de signer une pétition. Et peu de fois je vous le demanderai. Mais cette fois là, précisément, je vous le demande.

Jean-Marie Ozanne
fondateur en 1981 de la librairie Folies d’encre à Montreuil,
membre du directoire du SLF (Syndicat de la librairie française),
enseignant (Sorbonne, Paris 13-Villetaneuse, Clermont-Ferrand)





Des amendements proposés par des députés de la majorité parlementaire lors de l'examen du projet de loi de modernisation de l'économie ont ouvert un large débat sur la loi du 10 août 1981 relative au prix du livre, dite « loi Lang ».

Les professionnels du livre, auteurs, traducteurs, éditeurs et libraires, rejoints par les bibliothécaires et de nombreux acteurs du livre en régions, ont expliqué d'une même voix que ces amendements remettaient en cause la loi de 1981 et menaçaient les équilibres du marché du livre, ainsi que la diversité de la création et de l'édition françaises. Leur mobilisation a été relayée par des membres du gouvernement. Madame Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, a souligné combien cette loi restait un outil indispensable pour protéger la littérature. Madame Christine Lagarde, ministre de l'économie, de l'industrie et de l'emploi, quant à elle, a indiqué ne vouloir changer ni la politique du livre ni le système législatif actuel.


Les acteurs du livre sont néanmoins inquiets car beaucoup d'idées fausses sont colportées sur la loi par quelques multinationales du commerce culturel. Le lobbying qu'elles exercent auprès des parlementaires est à l'origine de ces amendements. Il vise à déréguler le marché du livre afin d'imposer un modèle commercial basé sur une volonté d'hégémonie et une stratégie purement financière. Derrière leurs arguments démagogiques mêlant modernité, défense du pouvoir d'achat et même écologie se cache un combat contre la création, la diversité, la concurrence et l'accès du plus grand nombre au livre.

Ce modèle culturel français, nous y sommes pour notre part indéfectiblement attachés. Ses vertus sont multiples. Avec plus de 2.500 points de vente, le réseau des librairies est dans notre pays l'un des plus denses au monde. Il permet, aux côtés du réseau de la lecture publique, un accès au livre aisé et constitue un atout important pour l'aménagement du territoire et l'animation culturelle et commerciale des centres-villes. Ce réseau de librairies indépendantes cohabite avec d'autres circuits de diffusion du livre, les grandes surfaces culturelles, la grande distribution, les clubs de livres ou Internet. Depuis de nombreuses années et à l'inverse d'autres secteurs culturels comme le disque ou la vidéo, le marché du livre se développe sans qu'aucun circuit n'écrase ses concurrents. Chaque circuit joue son rôle et le consommateur bénéficie d'un véritable choix.

Pour la création et l'édition, cette densité et cette variété des circuits de vente du livre offrent à chaque auteur et à chaque livre le maximum de chances d'atteindre son public, qu'il s'agisse d'un premier roman, d'un ouvrage de recherche, d'un livre pour enfant, d'une bande dessinée, d'une œuvre traduite, du dernier roman d'un auteur connu, d'un livre pratique ou d'un ouvrage scolaire. Tous les livres pour tous les publics, voilà notre modèle.

Ce modèle, c'est la loi du 10 août 1981 sur le prix du livre qui en est le pivot et le garant. En permettant d'infléchir les règles du marché afin de tenir compte de la nature culturelle et économique particulière du livre, elle passe aujourd'hui pour l'une des premières véritables lois de développement durable. Elle confie à l'éditeur la fixation du prix des livres qu'il publie. Les livres se vendent au même prix quel que soit le lieu d'achat, dans une librairie, une grande surface ou sur Internet, durant au moins deux ans. Ce système évite une guerre des prix sur les best-sellers qui ne permettrait plus aux libraires de présenter une offre de titres diversifiée ni aux éditeurs de prendre des risques sur des ouvrages de recherche et de création qui ont besoin de temps et de visibilité dans les librairies pour trouver leur public.

De surcroît, le prix unique fait baisser les prix. Contrairement aux idées reçues, les chiffres de l'INSEE montrent en effet que depuis une dizaine d'années les prix des livres ont évolué deux fois moins vite que l'inflation.

En favorisant la richesse, la diversité et le renouvellement de la création et de l'édition, en lieu et place d'une standardisation si courante dans de multiples secteurs aujourd'hui, en permettant une variété et une densité de points de vente du livre particulièrement remarquables, en privilégiant une véritable concurrence au détriment de la « loi de la jungle » et en maintenant des prix beaucoup plus accessibles que dans la majorité des autres pays développés, le prix unique du livre est une chance pour le consommateur, pour le lecteur et pour notre culture.

La loi du 10 août 1981 n'est ni obsolète ni corporatiste. Si elle mérite un débat, c'est pour la rendre plus vivante et plus forte encore.





Le Monde a publié dans le numéro daté du mercredi 2 juillet cet appel préparé par le SLF – Syndicat de la librairie française pour défendre la loi de 1981 sur le prix du livre. Les premiers signataires sont :

Alain Absire, écrivain, président de la société des gens de lettres
Dominique Arot, président de l'association des bibliothécaires français
Pierre Bayard, écrivain
François Bégaudeau, écrivain
Gérard Bobillier, éditions Verdier
Benoît Bougerol, librairie la Maison du livre, Rodez, président du syndicat de la librairie française
Dominique Bourgois, éditions Christian Bourgois
Yannick Burtin, librairie le Merle moqueur, Paris 20, librairies Initiales
Françoise Chandernagor, écrivain
Françoise Charriau, librairie Passages, Lyon
Bernard Courault, librairie Point Virgule, Aurillac
Pierre Coursières, librairies Furet du Nord
Térésa Cremisi, éditions Flammarion
Christophe Cuvillier, FNAC
Martine Dantin, librairies l'Arbre à lettres, Paris
Guillaume Decitre, librairies Decitre
Gérard de Cortanze, écrivain
Jean-Christophe Defilhes, librairie Au poivre d'âne, Manosque, président de l'association des libraires du sud
Hervé de la Martinière, éditions du Seuil et de la Martinière
Jean Delas, éditions de l'Ecole des Loisirs
Jean-Pierre Delbert, librairie Martin Delbert, Agen
Michel Delorme, éditions Galilée
Matthieu de Montchalin, librairie l'Armitière, Rouen
Marie Desplechin, écrivain
Thierry Discepolo, éditions Agone
Jean Echenoz, écrivain
Annie Ernaux, écrivain
Francis Esménard, éditions Albin Michel
Serge Eyrolles, éditions Eyrolles, président du syndicat national de l'édition
Alice Ferney, écrivain
Bertrand Fillaudeau et Fabienne Raphoz, éditions José Corti
Alain Finkielkraut, écrivain
Antoine Gallimard, éditions Gallimard
Jérôme Garcin, écrivain, journaliste
Laurent Gaudé, écrivain
Christian Gautier, librairie le Passage, Alençon
Anna Gavalda, écrivain
François Gèze, éditions la Découverte
Franz-Olivier Giesbert, écrivain, journaliste
Jörg Hagen, France loisirs
Nancy Huston, écrivain
Charles Kermarec, librairie Dialogues, Brest
Alain Kouck, groupe Editis
Gilles Lapouge, écrivain
Christophe Lasserre, Alapage
Liana Levi, éditions Liana Levi
Irène Lindon, éditions de Minuit
Didier Lory, Chapitre.com, librairies Privat
Alberto Manguel, écrivain
Olivier Mannoni, traducteur, président de l'association des traducteurs littéraires de France
Marion Mazauric, éditions Au Diable Vauvert
Anne-Marie Métailié, éditions Anne-Marie Métailié
Pierre Michon, écrivain
Denis Mollat, librairie Mollat, Bordeaux
Olivier Nora, éditions Grasset
Françoise Nyssen, éditions Actes Sud
Michel Onfray, écrivain
Erik Orsenna, écrivain, membre de l'Académie française
Paul Otchakovsky-Laurens, éditions POL
Jean-Marie Ozanne, librairie Folies d'encre, Montreuil
Daniel Pennac, écrivain
Philippe Picquier, éditions Philippe Picquier
Bernard Pivot, écrivain, journaliste
Patrick Poivre d'Arvor, écrivain, journaliste
Claude Ponti, écrivain, illustrateur
Olivier Pounit-Gibert, librairies Gibert Joseph et Univers du livre
Michel Prigent, Editions des Presses Universitaires de France
Jean-Noël Reinhardt, Virgin
Jean-Marc Roberts, éditions Stock
Marc Szyjowicz, librairie Nation BD Net, Paris, président du groupement des libraires de bande dessinée
Michel Serres, écrivain, membre de l'Académie française
Jean-Marie Sevestre, librairies Sauramps, Montpellier, Alès
Christian Thorel, librairie Ombres blanches, Toulouse
Jean-Philippe Toussaint, écrivain
Laurence Tutello, librairie Le Chat Pitre, Paris 13, présidente de l'association des librairies spécialisées jeunesse
Philippe Van der Wees, Cultura
Bernard Wallet, éditions Verticales
Sabine Wespieser, éditions Sabine Wespieser

Ne laissons pas mourir l’action culturelle et solidaire sous Sarkozy !

Manifeste


Nous vous invitons à signer ce manifeste lancé à l’initiative des Éditions de l’Attribut, de l’Ufisc - Union fédérale d'intervention des structures culturelles, d’ARTfactories / AutrepARTs, de la Fédération et du Couac. Dans la continuité des actions précédentes, nous encourageons une réflexion entre acteurs culturels, artistes, élus et citoyens afin de contrecarrer le démantèlement en cours de l’action culturelle et solidaire qui irrigue l’ensemble du territoire national.


Téléchargez le texte du manifeste.
(PDF - 93.3 ko)


Il existe en France un secteur d’activité d’une incroyable diversité et d’une effervescence continue, menacé de précarité et de disparition par la politique du président de la République.


Créateur de lien social et d’emplois, le tissu associatif culturel contribue à l’épanouissement des individus, encourage leur créativité et leur émancipation en plaçant l’humain au centre de ses préoccupations. Ce secteur de l’action artistique et culturelle déploie, sur tous les territoires où il agit, des visions sensibles et solidaires du monde. Dans des domaines aussi divers que les cultures urbaines (danse hip hop, rap, slam…), les musiques actuelles, les musiques savantes, le cirque, les arts de la rue, les arts plastiques, la danse, le théâtre, la marionnette, la poésie, les arts numériques, le cinéma, la vidéo, la littérature, le conte, etc., une multitude de projets, de lieux et d’organismes favorisent les initiatives de création, diffusent les œuvres, multiplient les démarches d’éducation artistique et culturelle, encouragent les pratiques en amateur, dans un souci constant de concertation et de partage avec la population de leur territoire. C’est ainsi que des catégories sociales, qui restent trop souvent à l’écart des lieux culturels intimidants, se retrouvent impliquées d’une manière ou d’une autre dans des projets qui génèrent de la confiance, accroissent leur capacité à décoder le monde et à agir.


Ces initiatives qui s’inscrivent dans une logique de territoire, en milieu rural ou urbain, se développent souvent en coopération avec d’autres acteurs sociaux ou économiques, de telle sorte qu’en plus de leur richesse artistique et culturelle, elles jouent un rôle essentiel de dynamisme économique local, régional ou national. Inscrites le plus souvent dans le champ de l’économie solidaire et du « tiers secteur », elles en révèlent tout le potentiel direct et renforcent l’idée que ce secteur favorise, toujours et partout, l’intégration du long terme et de la dimension humaine dans la vie socio-économique. Certaines de ces initiatives encouragent aussi les relations internationales dans un esprit de coopération avec leurs partenaires étrangers.


Sous le couvert faussement technique d’une "révision générale des politiques publiques", le président de la République cherche à imposer une vision néolibérale qui ne trouve aucune de ses ra¬cines dans notre histoire collective. Le démantèlement en cours du service public et le dénigrement de ses valeurs fondatrices, les coupes budgétaires dans les domaines de la culture, de l’éducation, de l’économie solidaire et sociale, de la santé, visent à concentrer l’action de l’État sur l’appui aux formes marchandes de l’économie.


Du néolibéralisme affirmé à la stigmatisation des populations immigrées en passant par une concentration des pouvoirs politiques, économiques et médiatiques, cette politique est destruc¬trice pour les valeurs portées par celles et ceux qui ont choisi de s’engager dans l’action culturelle et solidaire. Elle fragilise chaque jour un peu plus, financièrement et symboliquement, des acteurs qui étaient déjà en situation de précarité, en même temps qu’elle fabrique des exclusions là où encore récemment il n’y en avait pas.

Les conséquences dramatiques de cette évolution, en termes de dessèchement des rapports humains et de perte de vitalité de notre société, sont à ce point dangereuses pour notre pays et pour ses habitants que nous avons décidé de nous impliquer collectivement dans une contre-offensive résolue. Plus que jamais, une action culturelle et solidaire fondée sur la mise en relation étroite des équipes artistiques et de la population apparaît comme une exigence forte, une contribution à la lutte contre toutes les formes de dérive qui, bien au-delà de la vie artistique et de la richesse de notre culture, s’en prennent à notre vivre ensemble et à la vigueur de notre société.


Nous appelons aujourd’hui à un large débat national autour de choix politiques résumés de la façon suivante :

-au nom du principe républicain d’égalité, rappeler la permanence des droits individuels et collectifs à l’éducation et à la culture,

-au nom du principe républicain d’égalité, rappeler que notre potentiel de création de nouvelles richesses permet de mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre effective de ces droits en les attachant à la personne à toutes les étapes de sa vie,

-au nom du principe républicain d’égalité, réaffirmer et mettre concrètement en œuvre les missions et responsabilités de l’État en matière d’aménagement culturel du territoire, de répartition équilibrée des efforts et des contributions en prenant en considération des critères démographiques et sociaux de façon à soutenir de façon privilégiée les territoires et les groupes sociaux les plus en difficulté,


Nous appelons donc à l’adoption urgente de mesures d’appui aux initiatives et aux acteurs de la vie artistique et culturelle solidaire :

- mobiliser solidairement les moyens de l’État et des collectivités territoriales pour créer dans chaque région un fond d’aide à l’initiative culturelle et solidaire qui permette d’apporter un soutien sélectif aux projets artistiques et culturels qui se construisent avec les habitants,

- soutenir également ce "tiers-secteur" culturel par le développement de dispositifs de cautionnements bancaires et de dégrèvements fiscaux complétés par des formes adaptées d’accompagnement de la gestion des entreprises et des projets.


En rupture radicale avec les choix du président de la République, ces mesures imposent d’augmenter le budget du ministère de la Culture et surtout de rénover en profondeur son rôle et ses moyens d’action, en impliquant les autres ministères et secrétariats d’Etat en charge des dossiers de santé publique, d’éducation, de formation professionnelle, d’agriculture, des politiques de la ville, de la francophonie, des affaires étrangères et de la coopération… Elles conduisent aussi à repenser les relations entre l’État, les collectivités territoriales et tous les acteurs de la vie artistique et culturelle pour que, quelles que soient les formes d’action retenues, les habitants et les territoires, les œuvres et les artistes, se trouvent au cœur des politiques publiques.


Pour affirmer ces choix et ces ambitions, nous nous engageons dans la préparation de larges «Assises nationales de l’action culturelle et solidaire» impliquant l’ensemble des partenaires concernés : collectivités publiques, artistes, acteurs culturels, citoyens…




Premiers signataires Organisations/Structures
- Editions de l’Attribut
- ARIA - Association des Rencontres Internationales Artistiques
- ARTfactories/Autre(s)pARTs
- Couac - Collectif Urgence d’Acteurs Culturels
- La Fédération - Association Professionnelle des Arts de la Rue
- Ufisc - Union fédérale d’intervention des structures culturelles regroupant La Fédération (Association Professionnelle des Arts de la Rue), la Fédurok (Fédération Nationale de Lieux de Musiques Amplifiées/Actuelles), le Synavi, (Syndicat National des Arts Vivants), le SCC (Syndicat du Cirque de Création), la FSJ (Fédération des Scènes de Jazz et de Musiques Improvisées), le CITI (Centre International pour le Théâtre Itinérant), le Réseau Chainon, ACTES-IF (réseau solidaire de lieux culturels franciliens), le RIF (Confédération des réseaux départementaux de lieux de musiques actuelles/amplifiées en Ile-de-France), le SMA (Syndicat national des petites et moyennes Structures non lucratives de Musiques Actuelles), ZONE FRANCHE (Le réseau des musiques du monde)

Particuliers
- François Campana, directeur Kyrnéa-Passeurs d’images
- Eric Fourreau, éditeur, auteur, journaliste
- Philippe Henry, universitaire
- Pascal Le Brun-Cordier, professeur associé à l’université Paris 1
- Marc Le Glatin, comédien, directeur de théâtre, universitaire
- Christophe Martin, auteur dramatique
- Claudine Moïse, universitaire
- François Morel, artiste
- Fred Ortuño, coordinateur de collectif artistique
- Eric Prémel, idéologue, producteur, chercheur, contre-expert
- Catherine Rassat, assistante d’édition
- Robin Renucci, artiste
- Serge Saada, enseignant en médiation culturelle
- Jean-Sébastien Steil, coordinateur de réseau européen dans l’espace public
- Jean-Claude Wallach, consultant culturel