Cap au pire

Appel du Synavi
Syndicat national des arts vivants


Nous manifestons le 16 janvier 2008, à Caen, à Stasbourg, à Paris et à Nantes pour dénoncer cette politique qui met le cap au pire !


« Cap au pire », voilà qui pourrait résumer les orientations prises par le gouvernement en matière de politique culturelle.


La lettre de mission du président adressée le 1er août dernier à sa ministre de la culture est un signe parmi d'autres de l'offensive idéologique qui s'opère contre le service public de la culture. En soumettant les artistes à « des obligations de résultats », au critère de la « popularité », en appelant au « développement du mécénat et des autres formes de financement privé de la culture », en mettant « l'action des pouvoirs publics au service de l'indépendance et de la prospérité des industries culturelles » et en insistant lourdement sur les restrictions budgétaires « pour que chaque euro dépensé soit un euro utile », l'Etat, au plus haut niveau, pose les jalons d'une conception populiste et commerciale de l'art et de la culture.

Cette orientation utilitaire s'est hélas confirmée en septembre par l'annonce en trompe l'oeil du budget de la culture 2008. La manipulation des chiffres ne trompe personne (re-budgétisation de sommes déjà affectées, non prise en compte de l'inflation, gel de crédits), ce budget est bel et bien en baisse. Exemple et non des moindres, les actions en faveur de l'accès à la culture perdent 12 M d'un coup ! Toutes les actions culturelles dans les zones rurales, les cités, auprès des publics défavorisés en subiront les conséquences. Et avant tout, les dits publics eux-mêmes !

Le désengagement de l'Etat met en péril la création et l'action artistique. Les compagnies indépendantes, dont l'économie repose essentiellement sur ces deux pôles, sont particulièrement menacées. Coups durs pour les intermittents du spectacle déjà lourdement frappés par l'application du nouveau protocole qui exclut un nombre croissant d'artistes de toute protection contre le chômage. Coups durs pour la vie artistique dont la diversité et la qualité nécessitent un soutien politique et financier constant. Les collectivités locales, quant à elles, voient l'ensemble des politiques culturelles de proximité, d'implantation d'équipes artistiques dans des territoires remis en cause. Qui devra et qui pourra payer la part manquante ?

Ce recul budgétaire s'organise dans le cadre de la nouvelle politique dite de modernisation des politiques publiques. Ce que cache ce publicitaire vocable, c'est tout simplement la réduction de la place de l'Etat et du service public. Faire mieux avec moins, c'est le nouveau credo de Mme Albanel, quelle hypocrisie! Le ministère de la culture sera l'un des plus pénalisés par la Révision générale des politiques publiques (RGPP). Là encore, la conception comptable et économique guide l'action gouvernementale : non remplacement d'un fonctionnaire partant à la retraite sur deux, abandon ou externalisation de certaines missions, compactage des services de l'Etat... et dans tous les cas diminution des moyens d'intervention et de fonctionnement du Ministère. On ne peut que redouter sa disparition pure et simple et avec elle l'ambition de Malraux de démocratiser la culture et la rendre accessible pour tous !

Nous nous mobilisons pour que l'art et la culture reste un bien commun accessible à tous !

Nous refusons que l'art, la création, la culture soient ainsi bradés à l'économie aveugle du marché !

Nous manifestons le 16 janvier 2008, à Caen, à Stasbourg, à Paris et à Nantes pour dénoncer cette politique qui met le cap au pire !

Le Synavi